L'utilisation de la voiture individuelle


Méthodologie de l’enquête

L’Enquête Déplacements Grand Territoire de La Réunion (EDGT), réalisée en 2016, suit une méthodologie standard définie par le CEREMA (1), ce qui garantit la fiabilité des résultats et permet de les comparer avec d’autres enquêtes réalisées sur le territoire national.

Dans ce cadre, un échantillon représentatif de plus de 16 600 personnes réparti sur l’ensemble de l’île ont été interrogées en face à face ou par téléphone sur leurs pratiques de déplacements.

(1) Centre d'Études et d'expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement

Les chiffres clés

1,08 véhicule par ménage en moyenne

Près de 1,7 million de déplacements en voiture, dont près d’un tiers en tant que passager

66% de l’ensemble des déplacements

2,2 déplacements quotidiens par personne en voiture

8,76 km et 21 minutes en moyenne

86% des déplacements réalisés en voiture sont internes aux intercommunalité

Les actifs travaillant à plein temps sont ceux qui se déplacent le plus en voiture

Voiture : Taux de mobilité selon l'activité de la personne

Les actifs temps complet ou à temps partiel se déplacent davantage en voiture que celles appartenant aux autres catégories. Viennent ensuite les étudiants, les stagiaires et les demandeurs d’emploi qui réalisent entre 1,75 et 2,25 déplacemennts par jour

Les scolaires, les retraités ou les personnes restant au foyer présentent les taux de mobilité les plus bas, proches de 1,5. Les étudiants sont passagers pour près d’un tiers des cas (31%).

L'usage de la voiture varie selon l'âge

Voiture : Taux de mobilité selon l'âge

Les personnes entre 25 et 49 ans sont les plus grabds utilisateurs de la voiture.

Les 11-17 ans et les plus de 65 ans sont ceux qui se déplacent le moins en voiture, notamment parce qu'ils sont moins mobiles ou parce qu'ils n'ont pas le permis ou pas de véhicule.

Pourquoi et comment se déplacent les usagers de la voiture ?

Avec 66% de l'ensemble des déplacements, la voiture individuelle est le mode le plus utilisé

Pour quels motifs se déplace-t-on en voiture ?

Un quart de l’ensemble des déplacements en voiture correspond à l’accompagnement d'une ou plusieurs personnes : à l'école ou sur un lieu d'étude pour près des 2/3 de ces déplacements, pour les loisirs ou des visites pour près un quart et sur un le lieu de travail dans 10% des cas.

Environ 25% des déplacements correspondent à des loisirs et des visites. Un autre quart est lié au travail. Viennent ensuite les achats et l’école.

Les déplacements pour le travail sont les plus longs : 12.87 mkm, soit près de deux fois plus que l'ensemble des déplacements (6.6 km). Les déplacements en voiture sont deux fois plus rapides (25 km/h) que ceux en transport rn commun (12 km/h)

Voiture : les motifs de déplacement

Voiture : Pratique du covoiturage 2

Le covoiturage (1), une pratique à valoriser

Moins de la moitié des personnes interrogées ont répondu sur le covoiturage (47% soit un peu moins de 8 000 personnes)

Près de 70% des personnes ayant répondu ne pratique jamais le covoiturage. Un tiers y a recours de manière régulière ou occasionnelle.

Chaque véhicule est occupé par en moyenne par 1,45 personne (conducteur et passager), la plupart des véhicules en circulation sont exclusivement occupés par leur conducteur.

1. Le CEREMA définit le covoiturage comme « l’utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur et un ou plusieurs passagers, effectuée à titre non onéreux, excepté le partage des frais, dans le cadre d’un déplacement que le conducteur effectue pour son propre compte

Une perception positive de la voiture

La voiture est avant tout considérée comme pratique (pour 56% des personnes), rapide (42%), utile (un tiers) voir indispensable (un quart). Le confort (16%) et l’autonomie (26%) sont également mis en avant.

Les principaux éléments négatifs sont les impacts sur l’environnement et la contrainte financière : près de 18% des Réunionnais, l'usage de la voiture est couteux et 19% le qualifient de polluant.

La voiture et les déplacements de courte distance : un potentiel de report sur d'autres modes

Plus de 50% des déplacements en voiture font moins de 5 km. Près de 40% sont encore plus courts, avec moins de 3 km. Plus d’un quart des déplacements en voiture sont d’une distance supérieure à 10 km.

Plus de 50% des déplacements supérieurs à un kilomètre sont faits en voiture. La part de la voiture augmente avec la distance.

49% des déplacements totaux de moins de 3 km sont réalisés en voiture : ces déplacements de courtes distance pourraient être réalisés à pied ou à vélo.

 

Voiture : Répartition des longueurs de déplacement en voiture

Environ 90% des boucles de déplacements (2) comprenant au moins un déplacement en voiture sont réalisées avec ce seul mode

Seules 30% des boucles réalisées avec plusieurs modes contiennent un déplacement en transports en commun, tandis que 70% associent voiture et marche.

59% des boucles en voiture sont exclusivement composées de deux déplacements (un aller/retour) avec le même mode, et seules 3% des boucles de déplacements contenant au moins un trajet en voiture commencent par un autre mode de transport.

(2) Une boucle de déplacements est un enchaînement de déplacements dont l'origine et la destination coïncident.

Caractéristiques générales de la mobilité selon les modes : Distance selon les modes de déplacement

Quels outil de mobilité utilise-t-on pour se déplacer en voiture

Avec 1,08 véhicule par ménage, le taux de motorisation est inférieur à celui relevé dans d'autres enquêtes récentes (1,26 véhicule par ménage).

Il est plus élevé dans les mi-pentes et les hauts (1,29 véhicule par ménage en moyenne) que dans les secteurs littoraux (1,04 véhicule par ménage), où la densité et la desserte en transport en commun rendent la voiture indispensable.

Plus d’un quart (28%) des ménages ne possède pas de voiture, 41% en possèdent une, un quart (26%) en possède deux et une minorité (5%) en possède trois ou plus.

Près de 7 personnes sur 10 de 18 ans et plus possèdent le permis de conduire.

30% des personnes âgées de plus de 18 ans sont donc captives des autres modes que la voiture ou doivent faire appel à un conducteur accompagnant.

Des conditions de stationnement aisées favorisent l'usage de la voiture

Près de 80% des automobilistes disposent d’un espace de stationnement privatif à domicile (garage, box ou emplacement réservé).

A destination (par exemple, sur le lieu de travail), les automobilistes stationnent majoritairement leur véhicule dans la rue ou sur un parking.

Dans près de 97% des cas, les uatomobiliste trouvent une place de stationnement gratuite

Motorisation des ménages : carte du taux de motorisation des ménages

Quand se déplace-t-on en voiture ?

La temporalité des déplacements en voiture est très proche de celle de l'ensemble des déplacements tous modes confondus. Les déplacements des passagers suivent la même répartition temporelle que ceux des conducteurs.

Les périodes de pointe suivent aussi comparables : le pic de déplacement du matin est le plus important mais aussi le plus concentré, le pic du soir est plus diffus (moins élevé mais plus long), et celui du midi est le plus réduit.

Dans tous les cas, cette concentration de flux aux heures de pointe peut être une cause majeure de congestion routière.

Voiture : profil journalier en voiture conducteur et voiture passagers

Où se déplace-t-on en voiture ?

Les déplacements externes, c'est-à-dire entre les territoires de deux intercommunalités sont principalement réalisés vers le lieu de travail (35%). Le travail est effectivement le motif pour lequel les trajets en voiture sont les plus longs.

Les trajets internes aux territoires des intercommunalités sont eux majoritairement réalisés pour des motifs générant des déplacements souvent plus courts : les loisirs et visites (28%) et l’accompagnement (25%).

Voiture : les motifs dans les flux internes et externes aux EPCI

86% des déplacements réalisés en voiture sont internes aux intercommunalités

Ces flux internes en voiture correspondent à environ 1 420 000 déplacements quotidiens, contre un peu plus de 250 000 déplacements entre les territoires de deux EPCI.

Les déplacements externes durent en moyenne 47 minutes pour 29 kilomètres, contre  17 minutes et 5,5 km pour les déplacements internes. Les disparités entre EPCI s’expliquent notamment par les spécificités géographiques des différents territoires : la topographie, l’organisation des réseaux routiers et ou l’imbrication des territoires entre eux  peuvent faciliter et induire ou non des déplacements entre EPCI et en augmenter ou réduire la durée.

Les deplacements externes les plus importants sont réalisés entre intercommulatités voisins

Matrice origine-destination des déplacements en voiture entre intercommunalités

voiture_od.png

 

Ces flux sont les plus courts en distance comme en durée : 27 km contre 44 km en moyenne, et 46 minutes contre 64 minutes pour l’ensemble des déplacements externes en voiture.
Les déplacements externes les plus longs en temps comme en durée, comme ceux entre la CIREST et la CIVIS, sont aussi ceux qui sont les moins fréquemment réalisés.

Ce qu'il faut retenir

Avec 66% des déplacements, la voiture est le mode le plus utilisé, en particulier par les actifs. Elle bénéficie d'une image positive renforcée par les conditions aisées de stationnement.

  1. Le taux de motorisation est à peine supérieur à 1 véhicule par ménage. Plus d’un quart des ménages de l’île ne possède pas de voiture et 30% des plus de 18 ans n’ont pas le permis de conduire.
  2. La concentration des déplacements aux heures de pointe contribue à la congestion routière.
  3. La pratique du covoiturage, la part des déplacements en voiture pour le motif accompagnement et la part des déplacements en voiture en tant que passager vont dans le sens d’un usage moins individuel de la voiture.
  4. Une part importante des déplacements de moins de 3 km est réalisée en voiture, alors que la marche ou le vélo sont plus appropriés pour ces courtes distances.


Ces résultats ouvrent des pistes de réflexion sur :

  • La répartition des flux automobiles dans le temps afin d’atténuer les phénomènes de concentration et de saturation,
  • Les politiques de stationnement dans les centres urbains,
  • L’organisation et le développement du covoiturage,
  • Le report modal vers la marche et le vélo pour les déplacements de courte distance et vers les transports collectifs pour les déplacements de plus longue distance.